En bref :
L’OMS alerte (6 octobre) sur une nouvelle vague de dépendance à la nicotine portée par les cigarettes électroniques, le tabac chauffé et les sachets de nicotine. 100 millions de personnes vapotent dans le monde (dont au moins 15 millions de jeunes de 13–15 ans).
En parallèle, le nombre total de fumeurs baisse (de 1,38 milliard en 2000 à 1,2 milliard en 2024), mais cette progression est fragilisée si la nicotine revient par d’autres portes.
Pourquoi c’est un sujet « famille » ?
• Entrée précoce dans la dépendance : les produits aromatisés et le marketing digital exposent directement les adolescents.
• Normalisation à la maison : vapoter « à l’intérieur » entretient l’idée que la nicotine est anodine, alors que l’addiction s’installe vite.
• Risque de poly-consommations : le vapotage peut devenir une passerelle vers d’autres produits nicotiniques ou un maintien de la dépendance au tabac.
• Charge psychosociale : anxiété, sommeil perturbé, tensions intrafamiliales autour des règles d’usage.
Six actions concrètes à la maison :
1. Règle claire : domicile et voiture 100 % sans tabac et sans nicotine (e-cigs incluses).
2. Parler tôt et simple : expliquer que nicotine = produit addictif, même sans fumée et même « light ».
3. Démasquer les produits : sachets, pods jetables, stylos « tech »… apprendre à les reconnaître.
4. Fixer des limites numériques : vigilance sur réseaux sociaux, influenceurs et boutiques en ligne.
5. Accompagner, pas culpabiliser : proposer un sevrage progressif et des aides validées.
6. Donner l’exemple : tout adulte qui réduit ou arrête devient un modèle protecteur.
Pourquoi c’est un sujet « entreprise » ?
• Santé et performance : nicotine = fluctuations d’attention, irritabilité, pauses plus fréquentes, absentéisme.
• Climat social et sécurité : vapotage dans les espaces partagés, batteries/chargeurs, risques spécifiques en milieux sensibles (atmosphère explosive, santé, éducation).
• Image et conformité : nécessité d’intégrer les nouveaux produits dans les politiques sans tabac et RSE/QVCT.
Huit leviers opérationnels côté employeur :
1. Politique “sans fumée & sans nicotine” : étendre explicitement aux e-cigs, tabac chauffé, sachets.
2. Signalétique cohérente : dans tous les espaces (intérieurs, véhicules, abords).
3. Procédure de pauses : équité des temps de pause, zones dédiées en extérieur si besoin, jamais en vue des publics sensibles (écoles, hôpitaux).
4. Prévention primaire : campagnes annuelles, ateliers d’éducation à la nicotine, focus jeunes alternants/apprentis.
5. Aide au sevrage : prise en charge des substituts nicotiniques, ateliers collectifs, accès à un accompagnement (infirmier·e santé travail, partenaires externes).
6. Formation des managers : savoir repérer, orienter sans stigmatiser, gérer les situations délicates.
7. Achats & événements : clauses fournisseurs «sans promotion de nicotine», événements d’entreprise 100 % sans nicotine.
8. Suivi d’indicateurs : participation aux programmes, arrêts réussis, climat social, sécurité.
Nouveaux produits, mêmes réflexes :
• Cigarettes électroniques : ne contiennent pas de tabac brûlé mais entretiennent la dépendance à la nicotine et normalisent le geste.
• Tabac chauffé : reste du tabac, non équivalent à une cessation.
• Sachets de nicotine : discrets, aromatisés, faciles à dissimuler – risque majeur chez les jeunes.
Message clé pour les parents et pour les DRH :
• Parents : posez le cadre, informez sans dramatiser, accompagnez un sevrage rapide si l’usage a commencé.
• Entreprises : mettez à jour vos politiques, communiquez clairement, offrez un vrai parcours d’aide. La réduction du tabac ne doit pas se transformer en recyclage de la dépendance via d’autres produits.
À retenir :
• La baisse mondiale du tabagisme est réelle mais réversible si la nicotine revient par de nouvelles formes.
• La famille et l’entreprise sont deux milieux décisifs pour prévenir l’initiation, réduire la dépendance et soutenir l’arrêt.
• Une stratégie gagnante combine règles claires, information honnête et accès facilité aux aides au sevrage.